Présentation des ateliers


Atelier #1, les murs, Bozier. Présentation, textes.


Atelier #2, StreetView, Flaubert, Bergounioux, Hodasava. Présentation, textes.


Atelier #3, Lycée absent ? Graff. Présentation, textes.


Atelier #4, Le banal explose à la figure. Kaplan. Présentation, textes.


Toutes les consignes. On peut aussi naviguer via le nuage de mots-clés sur le côté…


ateliers donnés par Joachim Séné, au groupe "Littérature et société"

de Michel Brosseau, professeur de Lettres au Lycée Jacques Monod de Saint-Jean de Braye

printemps 2014

vendredi 28 mars 2014

De vieilles planches en bois

Ce mur m'a tout de suite intriguée à cause de son allure. En effet il n'est constitué que de vieilles planches en bois dont on a l'impression qu'elles vont s'écrouler à tout moment. D'ailleurs en haut à gauche de ce mur il y a un trou formé par l'absence de planches pour le recouvrir. À travers ce trou on voit un paysage sauvage et absolument magnifique. Il y a une grande jungle comme on peut en trouver dans certains pays de l'équateur, dont la longueur et la largeur sont trop grandes pour qu'un œil humain puisse en distinguer le bout. Il y a de superbes séquoias qui dépassent largement les plus hauts gratte-ciel construits par l'Homme, des milliers d'espèces d'animaux différents, tels que des panthères dont le pelage est aussi noir que la nuit, des lions avec de grandes crinières ébouriffées, de magnifiques oiseaux multicolores et tellement d'autres que je ne peux pas tous les décrire.

Soudain cette vue qui surpasse de loin les plus belles photos des plus beaux endroits du monde disparaît brusquement, remplacé par un camion de déménagement qui s'est garé juste devant ce mur et dont le toit s'arrête juste au dessus d’un trou ; brusque retour à la triste réalité.





Céline

Un mur pas comme les autres

J'ai choisi le mur végétal, car ce n'est pas un mur comme les autres, il sort de l'ordinaire. C'est un mur qui est recouvert de bambou, quand j'étais petite j'allais chez une amie qui avait le même mur que celui-là et c'est pour ça que je l'aime bien.

Sur ce mur, il y avait une chose que seulement moi pouvais voir, c'était une fenêtre invisible, de cette fenêtre, je pouvais voir une partie d'un zoo qui donnait sur l'enclos des girafes, elles étaient en train de manger des bambous qui étaient sur le mur où je voyais tout, j'avais peur car elles étaient toutes proche de moi et que je n'en avais jamais vu d'aussi près. De ma fenêtre je pouvais les toucher, elles n'avaient pas l'air impressionnée de ma présence, du coup je commençais à leur donner de la nourriture. Elles faisaient un étrange bruit, je ne sais pas comment le décrire, je pense qu'elles étaient contentes que je sois là ! Elles avaient l'air abandonnées, sans personne.


Il commençait à être tard, j'ai pris mon manteau et je suis rentée chez moi. En rentrant j'en ai parlé à mes parents mais ils ne m'ont pas cru. Ils croyaient peut-être que j'étais folle, je n'en sais rien.

Julie

L’Histoire se retraçait devant moi

Ce mur est en béton recouvert de carrelage blanc, avec dessus un panneau publicitaire reflétant une lumière violette sur une affiche de festival musical.

Ce mur me rappelle une sortie dans une ruelle sombre, la sortie d'une boîte de nuit un peu sinistre. Des lueurs violettes pour accentuer ce côté dangereux. Mais une chose me distrait sur ce mur, il me semble voir une fenêtre mystérieuse dont les vitres sont d'une couleur opaque.

Je décide de l'ouvrir et j'y aperçois un monde datant du Moyen-Âge, j'observe un monde que je ne connais que par des œuvres artistiques ou au travers les livres du lycée, j'aimerais m'y aventurer mais un mur invisible m'en empêche comme si cette fenêtre était une brèche temporelle, comme un tableau vivant. Je vois passer devant mes yeux le Roi de France et la noblesse du château je me rends très vite compte que je suis à Versailles dans la grande salle de bal du château. 

Je pus voir aussi Mme de Pompadour la maîtresse du Roi de France, à travers cette fenêtre j'appris en un fragment de temps ce que j'ai appris en 10 ans sur les bancs de l'école, je regardais attentivement le déroulement de la soirée quand l’écho d'une discussion m'interpella. Il s'agissait d'un complot contre le Roi une sorte de coup d'État… L’Histoire se retraçait devant moi.




Djeka

Le mur de mon enfance


C’était le premier mur que je voyais le matin en entrant à l'école, et le dernier aussi. 

Je me souviens encore que c’était la classe de Mme Picard qui avait fait le jaune, et le vert, la classe de Mme Sully. Moi j’avais pas pu les faire parce que j’étais encore trop petite.

On en était tous très fiers de ces beaux tableaux.

Je me souviens aussi que c'était là qu'on faisait la photo de classe, tous en rang, les petits devant et les grands derrière... Moi puisque j’étais tout le temps au fond, je me retournais et regardais les cinq jolis dessins. 

Je me souviens aussi que de l'autre coté du mur il y avait un préau, dessous il y avait au sol dessiné une marelle et un grand escargot. C'était aussi ici que l'on se cachait, à l'abri du regard des maîtresses, pour se faire des bisous, ça nous donnait l’impression d’être des hors-la-loi. Sous ce préau aussi, on faisait toutes sortes de bêtises, des plus innocentes aux plus vaches.


Voila ce que me rappel ce mur plein de souvenirs d'enfance.

Justine A.

Une vision dramatique

Un mur, juste un simple mur, mais un mur spécial pour ceux qui restent là, à le contempler. Ce mur avait écrit une histoire pour ceux qui croyaient à la fantaisie. 

Lio, un jeune homme d'une quinzaine d'année est l'un d’eux, et pourtant ce qu'il voit à travers ce mur est juste inimaginable, un bâtiment abandonné, un mur où une tête de mort interdit toute personne de s'y aventurer, un simple mur d'une ancienne classe, décidément il lisait trop d'histoires, mais celle-ci était son idée, dans son esprit il commença à imaginer son scénario, ses personnages, l'histoire, amateur de jeu R-P, inventer un monde ne lui prit que quelques minutes et, celui-ci fini, il se concentra sur la réalité, une fenêtre !, une fenêtre, elle n'était pourtant pas là juste avant qu'il ne se lance dans l'invention. Mais la particularité de cette fenêtre, était ces bruits, des bruits venant d'un bâtiment abandonné, il ne fit que le lien après avoir regardé par cette fenêtre, le soleil se couchait, alors, que de l'autre côté il était à son zénith, Lio étonné voulut traverser la fenêtre, mais comme une vitre invisible, il ne put que contempler l'autre côté. Un dragon passa devant lui, bien que rapide, il put voir ses écailles rouge écarlate frotter les rochers de la montagne, rêvait-il ?

Il se pinça ferma les yeux et les rouvrit, non il était bien éveillé, une surprise qui le perturba, mais, il s'en remit très vite, spectateur contemplant au loin la construction de ce magnifique château. Mon histoire s'écria-t-il, tous les événements qui se déroulaient devant ses yeux étaient ceux de quelques minutes plus tôt. Mais cela ne le dérangea pas plus, il trouva même que contempler sa création était un jeu, il pensa qu'à l'est, une chaîne de montagne était mieux qu'une simple prairie s'étendant au loin et ce qu'il pensa fût, comme si il était le dieu façonnant un nouveau monde. Son jeu lui plut et il continua, peu à peu ça le lassa, et pour tenter une nouvelle expérience, Lio, décida qu'une armée essaye de traverser le lieu ou il était, et son ordre fût reçu, 100 000 hommes arrivèrent, tous armés. Lio prit peur, une voix résonna dans sa tête.

– Monsieur Drax, Monsieur Drax, voulez-vous bien arrêter de dessiner s'il vous plait vous n'êtes pas en art plastique, Monsieur Drax, m'entendez vous ! dit, une voix.
– De quoi ? HEIN ! Ah Madame, euh , oui oui excusez moi, je... je m’arrête, répondis-je
– Eh Lio, tu dormais ou pas ? demanda mon voisin, Tom.
– Je sais pas, mais sinon c'était un super rêve.

Julien Bousquin

Oubliés

Adossée à un de ces arbres aux pétales roses inodores, la lycéenne fixait, de ses yeux gris, l'herbe grasse mêlée au sable dans laquelle elle jeta vivement un mégot avant de l'écraser brutalement contre le sol qui raclait sous sa chaussure. Des moineaux chantaient et on pouvait entendre le bruit des travaux de la rue d'en face causés par le mouvement de la grue et d'hommes se parlant. La jeune fille soupira légèrement, alors, laissant son regard dériver jusqu'à la petite route goudronnée à deux mètres d'elle puis, lentement, vers le mur couleur jean de l'ancienne école primaire maintenant désaffectée. Elle pouvait lire alors, sur des panneaux grisonnants « Danger de mort ». Elle se demanda alors pourquoi avait-on fait accrocher de telles choses sur les murs d'une ancienne école dans laquelle personne n'allait plus de nos jours. Elle abaissa les yeux sur les rideaux aux rayures verticales qui avaient tournés au jaune et au gris avec le temps, tous rabaissés. Elle se laissa alors glisser contre le tronc de l'arbre avant de s'asseoir en lâchant un bâillement. Alix ouvrit les yeux, les ferma puis, les rouvrit avant de lâcher un léger bâillement. Elle esquissa un léger sourire en coin, continuant de fixer le mur pas très haut de l'école et de se rappeler la première fois qu'elle était venue ici, avec des amis pour fumer son premier joint d'herbe, lors de son arrivée au lycée.


Mais soudainement, durant quelques secondes, plus aucun bruit ne fut. Le ciel bleu, sans nuages, se recouvrit sauvagement tandis que les oiseaux s'envolèrent vivement, comme s'ils cherchaient à fuir quelque chose. Les travaux avaient dû s'interrompre aussi puis-ce qu'Alix n'entendit que le vaste silence qui s'emparait alors des environs. Un coup de vent violent retentit, alors, les rideaux se soulevèrent laissant alors place à une fenêtre cassée. Les mèches de cheveux bruns de la jeune fille caressait son visage au souffle du vent du nord. Elle s'approcha d'un pas lent vers la fenêtre, se sentant légère. Elle n'avait pas l'impression de se contrôler, elle n'avait plus l'impression de sentir ses muscles mêmes. Elle se laissa alors guider par cette obsession qui la menait à cette fenêtre cassée sur laquelle elle passa doucement sa main. La jeune fille saignait mais n'y prêtait guère attention, semblant étrangement ne sentir aucune douleur. Elle regardait, à la place, la petite fille qui pleurait, recroquevillée sur elle-même en plein milieu de la sombre pièce. Rapidement, Alix passa au travers de la fenêtre afin de la rejoindre et de lui demander ce qui n'allait pas. La gamine releva alors la tête vers la lycéenne, lui lâchant un grand sourire avant de lui chanter : « Je t'ai eu, nananananère ». La jeune fille haussa alors un sourcil en la fixant ; il y avait quelque chose d'étrange chez elle. Après avoir cherché, elle remarqua l'étrangeté de sa peau très pâle et de ses yeux sans iris, ses yeux dont la pupille était totalement dilatée sur la surface visible de son globe oculaire. Alix sursauta soudainement tandis que la petite fille parti en courant vers la porte. La jeune fille décida de suivre la gamine à vive allure en criant et répétant alors : « Attends ! ». Au bout de la cinquième fois, la petite s'arrêta. Elle se redressa rapidement en gardant son grand sourire innocent. Elle annonça : « Jouons à cache-cache. » Alix fronça légèrement des sourcils et n’eut pas le temps de dire non que la gamine était déjà parti. La jeune brunette parti à sa recherche d'un pas hésitant dans les locaux abandonnés. La voix d'un petit garçon retentit alors : « Une souris verte qui courrait dans l'herbe » puis des ricanements d'enfants. Mais dans quelle sorte d'endroit se trouvait-elle ? Elle continuait de marcher en se mettant sur ses gardes ; elle avait l'impression de vivre un film d'horreur. L'ombre de la gamine passa à toute vitesse d'une salle à un couloir dont la couleur des murs se dégradaient tandis que les araignées les recouvraient d'une immense tapisserie à leur façon. Alix se mit à courir rapidement vers la direction par laquelle l'ombre s'était dirigée. Elle arriva alors dans une immense salle de classe dans laquelle notre brunette retrouva la petite fille aux yeux noirs ainsi qu'un petit garçon, de dos, qui, dès son arrivée, se remit à chanter : « Une souris verte, qui courrait dans l'herbe, je l'attrape par la queue.. » après quoi il se tut. La gamine se retourna vers Alix et se boucha les oreilles. Elle se mit à hurler de toutes ses forces. Les murs dégradés se réparaient, les fissures se rebouchaient, la couleur des murs initiaux revint tandis qu'une couleur sépia envahit la pièce. Quand elle s'arrêta de crier, des tables, des chaises, ainsi que plein d'enfants et une maîtresse se tenaient dans la pièce qui semblait comme une salle de classe normale. On vit alors un cours de maternelle se dérouler petit à petit avant d'entendre une musique de fond jouée par une boite à musique. Elle donnait un air inquiétant à la scène se passant. Rapidement, les murs explosèrent d'un coup et le bâtiment redevint rapidement endommagé, comme avant. Mais quelque chose avait changé : les élèves du passé étaient là, devant elle, tous avaient les mêmes yeux que la gamine ainsi que le même sourire. Ils s'approchèrent d'elle d'un pas lent en chantant la comptine de la souris verte en entier puis se mirent à courir après Alix qui se mit directement à fuir. Ils voulaient tous la tuer. Elle courut autant qu'elle pu avant de se retrouver dans la première pièce. Les gamins la suivaient à quelques centimètres. Elle poussa un cri tandis qu'ils tendaient les bras vers elle. Du sang se mit à couler de leurs bouches dont les côtés se déchiraient jusqu'aux oreilles, petit à petit. Leurs dents devinrent pointues, leur langue devint fourchue et, derrière eux, l’institutrice apparue. Elle semblait être un pantin de bois manipulée par des fils très fins qui reflétaient la lumière du jour et dont on ne voyait pas la fin. La maîtresse sourit en tendant le bras vers Alix : « Tu vas mourir. ». La brunette sauta vivement par la fenêtre avant d'abaisser le rideau jaunâtre vivement et de l'attacher en bas du rebord de cette dernière. Elle courut vivement jusqu'à l'arbre devant lequel elle s'était assise plutôt et s'y appuya rapidement avant de s'asseoir de nouveau, d'épuisement. 

Elle ferma les yeux, les rouvrit. Le soleil était là. L'obscurité de l'ancienne école ne lui manquait et ne lui manquerait jamais. Le son des travaux était revenu. Elle poussa un soupire de soulagement avant de diriger son regard vers la fenêtre par laquelle elle était passée, il semblait que rien ne s'était passé, mais elle, elle se souvenait, encore choquée, par les faits.

Océane Kalfa

Un retour vers le passé

Cet endroit que j'ai choisi de prendre en photo est un endroit que je ne connaissais pas auparavant, c'est un mur d'une école qui est située à Saint-Jean-de-Braye, tout près du lycée Jacques Monod. J'ai choisi cet endroit car c'est un mur qui exprime le côté créativité des enfants. 


Tout commence un lundi matin, la maîtresse avait demandé aux élèves d'exprimer leur côté créativité pour décorer l'école, alors chaque matin, les élèves se mettaient dans le projet pour décorer, des élèves pensaient à mettre des animaux, d'autres à mettre des voitures, et d'autres des princesses. Chaque élève prenait ses pinceaux, ils avaient un regard joyeux quand ils peignaient et cela rendait joyeuse la maîtresse. Le temps passait, les enfants se mettaient à cœur joie de peindre leurs pensées en travers de la littérature. La maîtresse a voulu faire de ce mur un espace de créativité avec des couleurs vives ce qui valorisait ce mur, il y avait un tableau qui représentait un cœur, peut être pour représenter tout son amour envers l'école ou sinon si il/elle avait un(e) amoureux(se), il/elle a voulu éprouvé(e) son amour en vers lui/elle. Derrière ce mur, il y avait la cour de récréation, là ou jouait les enfants, ils étaient contents quand c'était l'heure de la récréation.       


Maxime Allongé

jeudi 27 mars 2014

Murs oubliés

pendant que les élèves de Michel Brosseau écrivaient, je me suis prêté au jeu…
JS - 31/3/2014

C'est la tranche d'une ancienne maison qui est peinte sur ce mur, c'est à dire que ce mur est un mur extérieur de maison, mais au lieu de voir la pierre, du lierre, comme on en verrait sur n'importe quelle autre maison du quartier, on voit qu'une autre maison était collée là, et a été démolie, laissant apparaître la trace de ses anciennes pièces. Un salon jaune (ou était-ce une grande chambre ?), une chambre bleue, un papier peint fleuri (les toilettes peut-être, ou l'extrémité d'un couloir), du vert amande (salle de bain ?), la trace d'une cheminée. Comme si la maison avait été coupée net, laissant sa trace sur le mur voisin. Laissant place à la rêverie de ce qui fut là, des vies qui ont passé ici, dans ce qui reste à la place, c'est à dire le vide devant les couleurs des murs, au-dessus du terrain vague.


Posons ici une fenêtre, sur le mur jaune par exemple, le mur du salon, une fenêtre à montant de bois sombre, à rideaux blanc aux crochet, qui grince quand on l'ouvre ; ouvrons. La pièce n'est pas un salon, mais une salle à manger, il y a une grande table en chêne qui prend tellement de place qu'on se demande comment l'on peut tirer les chaises autour. Sur la table, un mort est embaumé. Sa famille, ses amis sont dans le salon, à côté, et dans la cuisine, je les entends murmurer, faire tinter quelques tasses, personne n'ose parler trop fort en présence d'un mort. Tout le monde est triste, c'est normal, mais heureux qu'il ait pu partir comme ça, à quatre-vingt six ans, dans son sommeil, calmement, après une soirée d'adieux prévue de longue date pour que tout le monde puisse venir, ceux de loin aussi. Et aujourd'hui, tout le monde va l'accompagner au crématorium, après que les pompes funèbres ont pu l'embaumer et l'installer là. C'est bientôt l'heure du départ, on termine le café, encore un biscuit, on range un peu, on se demande qui va suivre le corbillard en premier, qui va jouer le rôle de voiture balai, avec la route vide derrière. Et puis c'est l'heure, et tout le monde est soulagé, car il faudrait toujours pouvoir dire au-revoir deux fois : une fois au vivant, et une fois au mort.

ATELIER #1, Les murs

Marcher dans la ville, autour du lycée, connaître, reconnaître, découvrir, ouvrir l'œil sur ce qu'on a pas l'habitude de regarder : les murs.



Prendre en photo les murs. Murs nus, murs peints, murs de brique, murs de verre, murs publicitaires…

Parmi les photos prises, en prendre une. Pourquoi celle-ci ? Sur ce mur, poser une fenêtre imaginaire, l'ouvrir, que voit-on ? Intérieur ? Extérieur ? Route ? Ville ? Souvenir ? …



Un peu à l’écart, à l’ombre du mur, des femmes sont assises sur des chaises, elles regardent leurs enfants s’amuser, courir en tous sens, pousser des cris semblables à ceux des mouettes déployées dans le ciel. À l’écart du bâtiment, un vieux fourgon abandonné de la Protection civile subit les agressions de la rouille, des ronces et des orties. Et que penser de l’espace semi – goudronné qui conduit à la rue et se trouve parsemé de ronds d’herbe et de flaques d’eau ? Du chien, indifférent au tapage des humains, qui pisse sur le portail coulissant de l’entrée ? Des branches chargées de fruits mûrs de deux sureaux qui débordent du mur d’enceinte ? Et des chants ininterrompus des oiseaux – martinets, moineaux, mésanges à la conquête d’un ciel d’orage ? Que penser de la rue déserte, de son goudron granuleux ; des fils électriques tendus entre les poteaux en ciment et bercés par le vent ; des fleurs parfumées de l’albizzia proche de la fenêtre ; des volets mi-clos ; de l’intérieur de la chambre ? On pourrait, à trop longtemps observer ce monde sans qualité, trouver utile de le chambouler, imaginer des géants cognant sur les cuves, la confusion du ciel et de la terre, des enfants volant dans les airs et des oiseaux jouant à la balle à grands coups d’ailes, un hangar poursuivi par un chien, des voitures voguant sur une grande flaque d’eau, un rhinocéros acrobate paradant au sommet des citernes d’or noir, un orchestre buvant de l’essence à grandes gorgées et crachant du feu, des sureaux copulant avec un albizzia sous l’œil extatique d’un poteau électrique dégoulinant de béton frais, une rue montée sur quatre roues et fuyant vers les étoiles… On pourrait, par la fenêtre ouverte, souhaiter disposer d’un pouvoir sur les choses et les êtres, devenir maître d’un mouvement ordonné et rapide, se retrouver à l’égal d’un jongleur soucieux de ne rien laisser tomber au sol. On le pourrait, surtout lorsque les bruits de moteurs d’un avion dominant la fanfare traverse le jour. Mais c’est dimanche et il n’y a rien à faire.

Raymond Bozier. Fenêtres sur le monde. Publie.net.

Nous sommes allés dans un parking, le long d'une ancienne école, devant un chantier… Les textes ont ensuite été écrits au CDI, et vous pouvez les découvrir ici… (bientôt)